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A la Recherche du Temps Gagné

18 janvier 2012

Chronologie de la guerre d'Algérie

5 juillet 1830 : Début de la colonisation française de l’Algérie : Le dey d’Alger capitule aux troupes françaises. Les affrontements continuent jusqu’à la reddition du chef militaire Abd-el-Kader en 1847.

8-22 mai 1945 : Massacres de Sétif et Guelma : La manifestation pacifique des nationalistes algériens à l’occasion de la défaite de l’Axe en Europe dégénère : les Européens sont attaqués par les nationalistes, et les forces de l’ordre répriment brutalement les émeutes.

10 octobre 1954 : Le Front de Libération de Nationale (FLN) est fondé pour lutter contre la colonisation française et créer un « Etat algérien démocratique et populaire. »


 

1er novembre : Toussaint Rouge : Des hommes du FLN lancent plusieurs attaques contre des installations militaires, commissariats, entrepôts et autres bâtiments publics, prenant pour cibles les soldats et civils français. Le FLN demande la reconnaissance de la souveraineté algérienne et appelle le peuple d’Algérie à se soulever contre la colonisation. Le gouvernement français réagit négativement à leurs demandes et commence à envoyer des contingents en Algérie.

3 mars 1955 : Le gouvernement de Pierre-Mendès France chute. Guy Mollet du SFIO arrive au pouvoir.

3 avril : L’état d’urgence est promulgué en Algérie.

20 août : Massacres du Constantinois : La démonstration de force de l’Armée de Libération Nationale (ALN) tourne au massacre : 26 militaires et 92 civils sont tués par les indépendantistes. La répression du gouvernement fait entre 1273 et 12 000 morts.

30 septembre : La « question algérienne » est évoquée aux Nations Unies au détriment de la France.

22 janvier 1956 : Albert Camus lance son « Appel pour la trêve civile » à Alger, mais son plaidoyer est mal compris, ce qui lui vaut la haine et des pieds-noirs et des indépendantistes.

12 mars : Loi sur les « pouvoirs spéciaux » : L’armée prend de plus en plus pouvoirs policiers et juridiques.

20 août : Congrès de La Soummam : Les chefs du FLN posent les fondements du futur Etat algérien.

31 octobre : Crise de Suez : La France intervient avec la Grande-Bretagne contre le régime de Nasser en Egypte. Ce dernier est accusé par la France d’héberger et d’aider le FLN. Cette intervention est une défaite politique pour la France qui renforce le FLN dans sa cause.

7 janvier 1957 : Début de la bataille d’Alger : L’armée est appelée pour restaurer l’ordre dans la ville. Les parachutistes du général Massu mènent une répression féroce, avec des milliers d’exécutions sommaires (« corvées de bois »), l’arrestation de 24 000 suspects et l’usage commun de la torture.

21 mai : Le gouvernement Mollet chute après la fin du soutien de la droite.

1er septembre : L’armée française construit la Ligne Morice, une ligne de fortifications avec la frontière tunisienne, afin de couper les combattants de l’ALN de leurs soutiens en Tunisie.

8 février 1958 : Bombardement de Sakiet Sidi Youssef : Un village tunisien est bombardé par l’armée française, entraînant la mort de 70 civils dont 21 enfants. La Tunisie adresse un recours devant les Nations Unies. La crise entraîne la chute du gouvernement Félix Gaillard, et personne ne veut se présenter pour être président du Conseil.

13 mai : Putsch d’Alger : Le bâtiment du Gouvernement Général est pris d’assaut par le Groupe des Sept, un complot anti-indépendantiste qui réclame le retour du général De Gaulle. Tous les pouvoirs civils et militaires en Algérie passent aux mains de l’armée, qui établit un Comité de Salut Public jusqu’à la Présidence du Conseil de De Gaulle.

19 septembre : Le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA) est crée au Caire et Ferhat Abbas en devient le premier Président. Le GPRA est reconnu représentant de l’Algérie par plusieurs états arabes et africains, ainsi que la Corée du Nord.

28 septembre : La nouvelle Constitution est approuvée en métropole et en Algérie, malgré les appels au boycott du FLN. La Vème République naît sept jours plus tard.

Octobre : De Gaulle propose le plan de Constantine pour l’égalité des communautés algériennes et la « paix des braves » aux insurgés, mais le GPRA les refuse.

6 février 1959 : Plan Challe : Les opérations de l’armée française amènent une victoire militaire, mais la situation politique ne s’améliore guère : les critiques de la communauté internationale continuent et les écarts entre les communautés se creusent.

16 septembre 1959 : Le général De Gaulle évoque publiquement aux Algériens leur « droit à l’autodétermination avec trois propositions : sécession, francisation ou association. Les militaires sont confus,  et les anti-indépendantistes sont enflammés.

24 janvier 1960 : Début de la Semaine des barricades : des partisans et réservistes pro-Algérie française s’affrontent avec les forces de l’ordre : le bilan s’élève à 20 morts.

13 février : Gerboise bleue : La première bombe A française explose dans le Sahara français.

4 novembre : De Gaulle annonce la tenue d’un référendum sur l’autodétermination et en évoquant une « Algérie algérienne » et « un gouvernement de la République algérienne ».

9 -12 décembre : Des affrontements violents ont lieu entre manifestants pro-Algérie française et indépendantistes lors de la visite de De Gaulle. 127 personnes meurent.

8 janvier 1961 : Les Français votent pour l’autodétermination de l’Algérie. Le principe de l’indépendance algérienne est reconnu. Les partisans de l’Algérie française sont exaspérés.

Février : L’Organisation armée secrète (OAS) est fondée par des partisans ultras et des militaires, et va mener une campagne de meurtres et d’attentats en Algérie et dans la métropole.

22 avril : Putsch des Généraux : La tentative de quatre généraux de prendre le pouvoir à Alger pour sauvegarder l’Algérie française échoue après l’appel aux civils et conscrits de De Gaulle.

20 mars : Les pourparlers avec le GPRA ouvrent officiellement à Evian. Les négociations s’avèrent difficiles avec le statut des Français d’Algérie et la découverte de pétrole dans le Sahara.

8 septembre : Le président De Gaulle est victime d’une tentative d’assassinat à Pont-Sur-Seine (Aube).

17 octobre : Massacre du 17 octobre 1961 : La branche en France du FLN proteste contre l’institution d’un couvre-feu pour les « Français musulmans » à Paris, mais leur manifestation est réprimée par les forces de l’ordre. Des dizaines, peut-être des centaines d’Algériens sont tués, et les manifestants internés subissent de nombreuses violences.

24 janvier 1962 : L’OAS continue ses attentats et en commet 22 un an après la semaine des Barricades.

8 février : Affaire de Charonne : La manifestation des partis de gauche à Paris contre les attentats de l’OAS est brutalement réprimée par les forces de l’ordre, qui entraînent la mort de 8 personnes. 500 000 personnes participent à leur enterrement au Père-Lachaise six jours plus tard.

18 mars : Les accords d’Evian sont signés, mettant officiellement fin aux affrontements entre l’armée française et l’ALN. Un référendum sur l’autodétermination de l’Algérie est annoncé et les condamnés algériens sont amnistiés une semaine plus tard.

23 mars : Début de la Bataille de Bab el Oued : L’OAS rejette le cessez-le-feu et se retranche dans le quartier de Bab-El-Oued à Alger. Ses attentats contre les musulmans et les forces de l’ordre entrainent un déchainement de la violence dans la ville. L’armée assiège le quartier et intervient avec des chars et l’aéronavale. Les tensions continuent jusqu’au 2 avril.

26 mars : L’armée mitraille par erreur les manifestants Pieds-Noirs qui voulaient forcer le blocus de Bab-el-Oued : 80 manifestants meurent, 200 sont blessés.

3 juillet : La République algérienne est crée suite aux accords d’Evian et le résultat positif au référendum, et est reconnu par la France le jour d’après.

5 juillet : Massacre d’Oran : Des centaines d’Européens et de musulmans accusés de collaboration sont massacrés par l’ALN et les civils indépendantistes. L’armée française sur place tarde à réagir. Le massacre montre à quel point les Européens ne sont plus sûrs en Algérie, et entraîne l’exode massif des Pieds-Noirs et des Harkis.


 

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18 janvier 2012

PLAN

La guerre d'Algérie : De la représentation littéraire à la réalité historique

I. Les prémices d'une guerre
 1) Des tensions émergentes

 2) Eveil d'un sentiment national

II. Une guerre ambigue
 1) L'expérience combattante

 2) Entre deux camps

18 janvier 2012

Kateb Yacine - D'Ilke_S

SA VIE

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Né le 2 août 1929 d’une famille berbère d’avocats et juges dans la wilaya du Guelma en Algérie, Kateb Yacine est considéré comme un des fondateurs de la littérature algérienne moderne. Kateb Yacine est son nom de plume, une inversion de son vrai nom Yacine Kateb héritée de ses jours d’écolier. Il est intéressant de noter que son nom de famille veut dire « écrivain ». Après plusieurs mutations, sa famille s’installe à Sétif en 1941, ou le jeune Kateb effectue ses études secondaires.

C’est pendant sa troisième année qu’il participe aux manifestations du 8 mai 1945, qui vont s’achever sur le massacre de milliers d’Algériens par les autorités françaises. Il va être arrêté et détenu pendant deux mois, exclu du lycée et la santé mentale de sa mère décline, mais cela ne l’empêche pas d’adopter la cause nationale. Il continue ses études à Annaba et c’est à partir de là qu’il va être engagé en politique, d’abord au sein du Parti du peuple algérien, puis au Parti communiste algérien à Paris. Son premier roman, Nedjma (1956) est publié lors d’un de ces voyages en France. La renommée de cette œuvre est telle qu’elle considérée comme fondatrice de l’écriture maghrébine contemporaine.

Egalement auteur de pièces de théâtre, il se lance aussi dans le journalisme au quotidien Alger républicain entre 1949 et 1951, lors duquel il dénonce l’ « escroquerie » au lieu saint de la Mecque. Mais quand la Guerre d’Algérie éclate, les poursuites incessantes de la Direction de la surveillance du territoire (DST) le forcent à mener une vie d’exil, voyageant des pays de l’Europe de l’Ouest à l’Union soviétique et l’Egypte… pour finalement rentrer en 1962 dans son pays natal désormais indépendant. Son œuvre s’élargit alors, avec Le Polygone étoilé (1966), l’Homme aux sandales de caoutchouc (1970), une pièce qui rend hommage à la lutte du Viêt-Cong.

Mais il va rapidement attirer les foudres du public et du gouvernement algérien pour plusieurs de ses positions, notamment pour la parité homme-femme et contre le retour du port du voile, ainsi que pour son affirmation de sa souche berbère et de la langue tamazirt dans ses pièces. Kateb va en effet lutter pendant toute sa vie pour la cause berbère. Mais il meurt le 28 octobre 1989 sans pouvoir achever une œuvre sur les émeutes en Algérie de l’année précédente. Au sujet de la langue française, il l’aurait considéré comme le « butin de guerre » des Algériens après l’indépendance. « J'écris en français pour dire aux français que je ne suis pas français » dira-t-il.

SA POSITION

Contemporain d’Albert Camus, Kateb Yacine à une notoriété vient surtout de son engagement dans le mouvement indépendantiste avant et pendant la Guerre d’Algérie.

Il est en classe de troisième lorsqu’il participe aux manifestations du 8 mai 1945 à Sétif, qui tourne ensuite au massacre de milliers d’algériens par les autorités locales françaises. C’est avec ce traumatisme qu’il va être épris de la cause nationale, mais les conséquences sont déjà dures pour le jeune Kateb : il est expulsé de son lycée et il voit sa mère « devenir folle ».

Sa politisation commence avec des conférences qu’il donne sous l’égide du Parti du peuple algérien (PCA) dés 1946, le mouvement politique nationaliste majeur. L’année suivante il prononce à la Salle des Sociétés savantes à Paris une conférence sur l’émir Abdelkader, un chef de tribu qui a résisté pendant des années à la colonisation française de 1830, ainsi devenu une grande figure du patriotisme algérien. C’est également lors de son séjour en France qu’il adhère au Parti communiste algérien (PCA), un autre parti anticolonialiste soutenu par son équivalent français (PCF). Il devient journaliste à Alger républicain comme Camus, quotidien dont les points-de vue s’opposaient souvent à ceux de l’autorité coloniale, ce qui a amené à sa censure et son interdiction pendant la guerre. En tant qu’écrivain, il s’engage à trouver et exprimer une identité nationale pour une nation qui demande de plus en plus l’indépendance politique ; et c’est le but de son premier roman, Nedjma, ou les personnages sont une allégorie de l’identité nationale en construction. Les réactions à la sortie du roman en 1956 varient pourtant, et l’auteur s’est souvenu de celui d’un lecteur en particulier : « C’est trop compliqué, ça. En Algérie vous avez de si jolis moutons, pourquoi vous ne parlez pas de moutons ? ».

Pendant la guerre qui ravage son pays, Yacine doit errer. Poursuivi et harcelé par les agents de la Direction de la surveillance du territoire (DST), il voyage de la France à l’Union soviétique, quelques fois par invitation des milieux intellectuels. Il rentrera dans sa patrie, désormais indépendante, peu après les fêtes de libération nationale, pour reprendre sa position à Alger Républicain.

Sa volonté de s’engager continue après la guerre : en 1967 il part au Viêtnam et écrit L’Homme aux sandales de caoutchouc, une pièce saluant la lutte du Viêt-Cong dont le leader, Ho Chi Minh, était à la tête de l’armée qui avait été victorieuse dans la guerre d’Indochine. De retour dans son pays en 1970, Yacine soutient la sécularisation de son pays et la préservation de la culture et langue berbères, ce qui lui vaut beaucoup de critiques, surtout de la part du gouvernement.

Kateb Yacine n'a jamais hésité à défendre ce qu'il considérait comme juste et que ce soit contre les injustices de la colonisation ou les injustices de la société post-coloniale, il s'est engagé du mieux qu'il ait pu avec son oeuvre. Il serait difficile de ne pas le considérer comme le fondateur de la littérature algérienne moderne.

Illustration de Kateb Yacine
Extrait de "Poètes"
par Mustapha Boutadjine http://www.mustaphaboutadjine.com/CMS/

18 janvier 2012

Yasmina Khadra - D'Emilien_B

Yasmina-Khadra

Né le 10 janvier 1955 à dans la wilaya de Béchar en Algérie, Mohammed Moulessehoul est définitivement plus connu sous le nom de Yasmina Khadra, le pseudonyme qu’il a utilisé pour écrire ses œuvres déjà traduites dans plus de 41 pays. Son père, officier dans l’ALN, envoie son fils dans un lycée militaire pour que lui aussi devienne un soldat de l’Algérie dés l’âge de neuf ans, deux ans à peine après l’indépendance. C’est ainsi que Moulessehoul devient officier dans l’armée algérienne ; il va y servir pendant plus de 36 ans, notamment pendant la guerre civile algérienne, ou il va mener la lutte contre les groupes islamistes armés en Oranie.

C’est pendant sa carrière militaire qu’il va décider d’écrire et surtout en langue française. Il choisit le pseudonyme pour échapper à la probable censure militaire mais aussi pour éviter que sa vie militaire ne mette en doute son objectivité sur les problèmes qu’il traite dans ses œuvres, notamment l’intolérance. Il prend deux prénoms féminins pour rendre hommage aux femmes de l’Algérie, en particulier à son épouse. Il est d’abord célèbre pour une série de romans noirs commençant par Le Dingue au Bistouri (1990) qui met en scène le cynique commissaire Llob, à partir duquel « Khadra » dénonce la peur engendrée par les attentats terroristes et la corruption qui gangrène les plus hauts échelons du pouvoir… souvent au péril de sa propre vie.

Mais pour mieux se dédier à sa passion d’écrivain, il démissionne de l’armée en 2000. Il élargit son œuvre avec d’autres romans toujours acclamés et appréciés, comme Les Hirondelles de Kaboul (2001), mettant en scène la vie de deux familles afghanes sous le régime des Talibans, L’Attentat (2005), qui raconte l’histoire d’un chirurgien Arabe israélien qui tente de comprendre sa femme kamikaze et Les Sirènes de Baghdad (2005), qui relate l’exaspération d’un bédouin irakien de l’occupation américaine. Moulessehoul veut à travers ces œuvres illustrer le « dialogue de sourds entre l’Occident et l’Orient », qui continue de ravager le monde encore. Ce que le jour doit à la nuit (2008), étudié dans ce numéro, reste un de ses romans les plus récompensés, élu Meilleur livre de l’année 2008 par le magazine français Lire. Il sera d’ailleurs adapté au cinéma par Alexandre Arcady cette année. Son œuvre la plus récente est L’Equation africaine (2011), ayant pour thème les prises d’otages récentes en Somalie.

Son identité est révélée au grand public dans L’Ecrivain (2001) et L’imposture des mots (2002), le premier étant un roman autobiographique. Malgré le succès littéraire qu’il a eu en tant que Khadra, le passé militaire de Moulessehoul continue de provoquer débats et polémiques, et sa position à la tête du Centre culturel algérien de Paris, partie d’un système qu’il critique pourtant sans relâche, n’améliore guère sa posture ; l’auteur lui-même a parlé d’une ligue de « toutes les institutions littéraires » contre lui après que Ce que le jour doit à la nuit ne soit pas inclus dans la sélection des prix d’automne en 2008.

Illustration de Yasmina Khadra
Extrait de "Palestiniens"
par Mustapha Boutadjine http://www.mustaphaboutadjine.com/CMS/

18 janvier 2012

Albert Camus - D'Emilien_B.

SA VIE

SPIP-146839Albert Camus né le 7 novembre 1913, à Mondovi en Algérie, et décédé le 4 janvier 1960, à l’âge de 46 ans, sur la route de Villeblevin en France. C’est un écrivain et un dramaturge français.

Il est issu de l’union de Lucien Camus, un pied-noir, et de Catherine Sintès, un femme d’origine espagnole illettrée et à moitié sourde. Albert Camus a un frère aîné, Lucien Jean, et il ne connaîtra jamais son père, tué lors de la bataille de la Marne, en 1914, c’est pourquoi il est très attaché à sa mère. Il entre en 1923 à l’école communale; grâce à l’aide de son instituteur, M Germain, il obtient une bourse, et poursuit ses études au lycée d’Alger.

Il obtient en 1932 son bac et commence ses études de philosophie. 2 ans plus tard, il épouse Simone Hié, commence L’Envers et l’endroit, une suite d’essais sur les quartiers d’Alger, où il est installé... Il adhère au parti communiste, qu’il quittera deux ans plus tard, étant vivement opposé au stalinisme. Il fonde le Théâtre de l’Equipe, où il représentera des œuvres de Malraux, qu’il considère comme son maître spirituel. Il montre son engagement en dénonçant les conditions révoltantes des paysans dans son article « Misère en Kabylie »dans l’Alger Républicain. Cet article est censuré rapidement par le pouvoir en place.

En 1940, Camus divorce et se remarie aussitôt avec Francine Faure, et le nouveau couple s’installe à Paris. Camus travaille alors pour Paris-soir, sous la direction de Pascal Pia, qui avait déjà fondé l’Alger Républicain. Il rejoint ensuite la Résistance, et en 1942, édite chez Gallimard l’Etranger et le Mythe de Sisyphe, première partie du cycle de l’absurde, où l’auteur expose sa philosophie. Il entrera ensuite dans la rédaction de Combat, journal résistant, où travaille Malraux et Sartre, avec lesquels il se lie d’amitié, et publiera Le Malentendu et Caligula en 1944, en concluant son cycle de l’absurde. 

Après le bombardement d’Hiroshima de 1945, il sera le seul intellectuel à dénoncer l’usage de la bombe atomique. En 1946, il rencontre René Char, et le suivra aux Etats-Unis, où il rédige des articles contre l’expansionnisme soviétique, ce qui l’éloigne de Sartre, qui lui affirme que la liberté d’expression est au centre de la société soviet. Un an plus tard, Camus retrouve le succès littéraire, avec La Peste (1947).

En 1951, il publie L’Homme révolté, qui provoque un scandale, surtout auprès des existentialistes. C’est la rupture définitive avec Sartre.

Cinq ans plus tard, il lance son appel pour la paix, qui reste incompris de tous. Il est alors insulté des deux côtés : musulmans et français… En effet il préconise  une cohabitation avec   intégration entre pieds noirs et algériens.

Il écrit en 1956 le livre La Chute, qui est un reflet de son échec : cette œuvre est pessimiste, et Camus attaque les existentialistes, mais aussi soi-même. Il quitte l’UNESCO qui admet l’Espagne Franquiste.

En 1957, c’est la consécration, il reçoit le prix Nobel de littérature, où il dédiera son discours à M. Germain, son instituteur. Camus est surpris, et triste à la fois car il pensait que ce serait Malraux qui aurait eu cette distinction. C’est aussi ici qui prononce la phrase célèbre, pour répondre à un étudiant algérien qui lui demandais s’il trouvait juste les exactions du FLN : « Si j'avais à choisir entre cette justice et ma mère, je choisirais encore ma mère », qui sera bien souvent déformé en « entre l’Algérie et ma mère, je choisis ma mère ».

Il meurt dans un accident dans la voiture des Gallimard, en voulant rejoindre Paris.

SA POSITION

Ambiguïté. Ce mot défini toute la position complexe d’Albert Camus pendant la guerre d’Algérie. Si ambiguë, que personne, n’a compris ce qu’il voulait dire. Critiqué par les partisans du FLN, qui l’accusent de traître, et par les Français, pour défendre l’ennemi. Si la position de Camus est si compliquée à saisir c’est parce qu’il est profondément attaché aux deux pays, sa famille est pied-noir, mais aussi français.

Sa prise de position commence très tôt, où dès le lycée, il comprends les injustices régnants en Algérie : « Auparavant, tout le monde était comme moi et la pauvreté me paraissait l'air même de ce monde. Au lycée, je connus la comparaison » (Carnets II). En effet, pendant toute sa jeunesse, Camus vivait avec une majorité de Français-musulmans, et c’est en commençant à fréquenter les quartiers les plus européens d’Alger qu’il réalise à quel point les Français imposent une domination socioculturelle mais aussi économique, en ayant le monopole sur tout le commerce, la politique, et la religion (si un musulman voulait être français à part entière, il devait renier sa religion). C’est donc l’ambiguïté de la personne de Camus qui émerge déjà ici : il bénéficie du statut de français de métropole, mais vit comme un Arabe commun, sa famille étant extrêmement pauvre. C’est en vivant avec ces deux sociétés que son idée de cohabitation germera un peu plus tard.

Un peu plus, en juin 1939, le journal Alger Républicain publie pendant 10 jours un reportage d’un jeune journaliste alors peu connu, un certain A. Camus. En plus de dénoncer la vie difficile des paysans kabyles, il attaque ouvertement le gouvernement de la région de Constantine de laisser mourir ces paysans, et les mettre à l’écart, alors qu’ils « réclament les écoles autant que le pain ». Il préconise donc une grande campagne d’éducation et  veut grâce à celle-ci « supprimer la barrière artificielle qui sépare l’enseignement européen de l’enseignement indigène ; pour que sur les bancs d’une même école, deux peuples faits pour se comprendre(…) commenceront à se connaître. ». C’est donc à cette période qu’il expose clairement son ambition de cohabitation, à la fin de l’article sur l’éducation : « Car si l’on veut vraiment d’une assimilation, et que ce peuple si digne soit français, il ne faut pas commencer à le séparer des Français ». Albert Camus, partisan de la main tendue, se fait alors remarquer par les autorités françaises, qui censurent le journal, puis forcent le directeur Pascal Pia, à mettre la clé sous la porte.

Après la seconde guerre, Albert Camus est bien plus connu, ce qui lui permet de donner un rayonnement bien plus important à ses idées, et l’écrivain mène sa propre investigation en plein milieu des révoltes du Constantinois, pendant les massacres de Sétif. Il publiera alors six article dans le journal « Combat », où il est l’un des seuls journaliste à soutenir les algériens en dénonçant la violence inouïe de la répression, et va jusqu’à affirmer la « fin inéluctable des impérialismes occidentaux ». Il concluera sur une phrase pleine d’espoir : « C’est la justice qui sauvera l’Algérie de la haine ». Mais cette haine déclancha la Guerre sans nom.

Tout au long de la guerre qui déchire l’Algérie, mais aussi l’écrivain lui-même : « J’ai mal à l’Algérie, en ce moment, comme d'autres ont mal aux poumons », on ne verra que peu d’interventions de Camus, qui doute sur ces choix. Ainsi, il est le défenseur des Français-musulmans, mais pressent une montée du totalitarisme avec les multiples actions du FLN, et anticipe la précarité de la situation future des pieds-noirs. Ainsi son alter ego Jacques Cormery héros dans Le Premier homme sait qu’il devra quitter l’Algérie, qui est pourtant sa patrie. Ne se décidant pas à prendre parti, il décide de poursuivre sa théorie de cohabitation et d’intégration. C’est ainsi qu’en 1956, l’auteur lance son « Appel pour la paix civile », afin de cessent les conflits d’intérêts et ainsi sauver sa mère, qui habite toujours à Alger. Mais, c’est un échec, si bien que pour éviter d’être blessé par les projectiles lancés par la foule dans la rue, Camus plaisante en disant qu’il lui faudrait « porter une armure du XVème siècle ». Mais cette plaisanterie cache un véritable chagrin, car Camus ressent un sentiment d’impuissance qui se répercute dans son livre La Chute. Camus reste donc lucide, conscient de ses actes, et, à défaut de choisir un camp, il condamne le terrorisme du FLN et de l’OAS. En 1957, il écrit L’Exil et le Royaume, où il réaffirme les valeurs. Il est sacré prix Nobel, et il déclare : « J’ai toujours condamné la terreur. Je dois condamner aussi un terrorisme qui s’exerce aveuglément dans les rues d’Alger, par exemple, et qui un jour peut frapper ma mère ou ma famille. Je crois à la justice mais je défendrai ma mère avant la justice. », bien mal interprétée. Les Arabes pensent que c’est la preuve d’une traîtrise, mais ce n’est qu’une dénonciation supplémentaire du terrorisme, qui s’adresse en réalité aux deux camps. L’écrivain veut sauver sa mère, son unique parent, à laquelle il tient plus que tout. Devant l’incompréhension des autres, Camus écrira dans ses Carnets, que « l’Algérie est perdue » en 1959, trois ans avant les évènements du 19 mars, où 150 000 Français musulmans et 10 000 Pieds-noirs trouvèrent la mort…

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1 janvier 2012

Bonne année 2012 :

Bonjour à tous chers lecteurs,

Tout d'abord, bonne année 2012, meilleurs voeux, meilleure santé etc !

Enfin, non, le blog n'est pas mort, le TPE encore moins, et le progrès enregistré depuis le dernier message a quand même été important. Dans les minutes qui suivent, tout ce qui a été fait et vu au moins une fois par nos professeurs sera rangé dans les différentes catégories du blog visibles à droite de la page.

Fin de message.

21 novembre 2011

Mise à jour - Introduction [Ebauche 1]

Chers lecteurs, bonsoir,

L'équipe du TPE est fière de vous présenter notre progrès dans le TPE même, une première introduction. Ou plutôt éditorial, puisqu'il s'agit de garder la même "impression" de magazine. La version finale sera sans doute plus élaborée et développée. Les travaux sur la chronologie avancent également.


De tous les épisodes de l'Histoire de la France, la guerre d'Algérie, où la colonie française a acquis son indépendance, reste un des plus controversés. Pendant longtemps cette guerre n'avait même pas de "nom", considérée comme une campagne de "pacification" d'une insurrection qui avait lieu non pas dans une colonie, mais dans une partie intégrale du territoire français. Les programmes scolaires ont longtemps à peine effleuré la guerre, les historiens n'ont même pas diffusé leurs études...  Le sujet est ainsi resté tabou, bien présent dans les esprits, mais interdit d'être évoqué. Les thèses officielles de l'Etat français et algérien sont restées longtemps incontestables. Mais de nos jours le sujet est en pleine résurgence, avec de plus en plus de voix qui s'élèvent contre les versions officielles. Divers films, expositions et autres rétrospectives, et surtout la littérature des deux pays se sont penchés sur ces évènements douloureux. Ainsi nous a été laissé un témoignage inaltérable, souvent indépendant et incontrôlable par la censure des Etats, qui nous permet d'observer les évènements avec différents points de vue et différentes réactions selon la distance temporelle par rapport aux faits.

Dans ce numéro de TPE magazine sera analysé comment les littératures française et algérienne ont représenté cet évènement commun à l'Histoire des deux pays d'une autre dimension que celle des historiens. Trois épisodes de la guerre, choisis selon leur représentation dans les œuvres de la bibliographie, seront étudiés. A cette étude sera également ajoutée l'analyse d'œuvres de différents médias.

La Rédaction


Nous (lisez: Emilien) avons également découvert d'autres sources qui pourraient être rajoutées à la bibliographie si besoin :

Interview révélatrice de Laurent Mauvignier sur son livre, Des Hommes (déjà inclus dans la bibliographie).

Et là on touche le filon mère avec le grand dossier Guerre d'Algérie de l'Express. Oh, Badinter !

Fin de message.

11 novembre 2011

Couverture terminée

Notre studio de retouche d'image est heureux de vous montrer notre couverture finale. Enfin, presque, au cas où s'il y a un changement de dernière minute.

L'introduction est aussi bien avancée.

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A bientôt. 

10 novembre 2011

Couverture sur le point d'être bouclée

Après un triturage de méninge digne d'une reflexion à la Socrate, et une lutte contre mon logiciel, la couverture est enfin terminée. Enfin, presque. Si le titre est réalisé ainsi que le numéro et l'image, il manque encore nos gros titres, qui seront les idées majeures de notre plan... Et je tiens à mettre un code barre ! Le perfectionnisme m'hante au plus profond de moi-même. Bref, ce soir, c'est fini !

Sur le texte, on cherche nos évènements communs, afin de les incorporer à la frise chronologique, et aussi chronophage, vu que c'est long à faire.

Fin de Transmission, Over.

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7 novembre 2011

OBJECTIFS ACTUELS [07/11/11]

OBJECTIFS ACTUELS

- ESTHETIQUE

- Réaliser une couverture originale et complète.

- Réaliser une mise en page "façon-magazine".

- TRAVAIL

- Rédiger une introduction complète.

- Faire une chronologie de la Guerre.

- Intégrer une frise chronologique.

- Choisir 2-3 évènements historiques selon les oeuvres.

- Avoir au-moins 40 pages de texte.

- DELAIS:

Fin-novembre : ?

Fin-décembre : ?

Fin-janvier: Fin des travaux et remise du projet au professeur.

 

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