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A la Recherche du Temps Gagné
18 janvier 2012

Kateb Yacine - D'Ilke_S

SA VIE

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Né le 2 août 1929 d’une famille berbère d’avocats et juges dans la wilaya du Guelma en Algérie, Kateb Yacine est considéré comme un des fondateurs de la littérature algérienne moderne. Kateb Yacine est son nom de plume, une inversion de son vrai nom Yacine Kateb héritée de ses jours d’écolier. Il est intéressant de noter que son nom de famille veut dire « écrivain ». Après plusieurs mutations, sa famille s’installe à Sétif en 1941, ou le jeune Kateb effectue ses études secondaires.

C’est pendant sa troisième année qu’il participe aux manifestations du 8 mai 1945, qui vont s’achever sur le massacre de milliers d’Algériens par les autorités françaises. Il va être arrêté et détenu pendant deux mois, exclu du lycée et la santé mentale de sa mère décline, mais cela ne l’empêche pas d’adopter la cause nationale. Il continue ses études à Annaba et c’est à partir de là qu’il va être engagé en politique, d’abord au sein du Parti du peuple algérien, puis au Parti communiste algérien à Paris. Son premier roman, Nedjma (1956) est publié lors d’un de ces voyages en France. La renommée de cette œuvre est telle qu’elle considérée comme fondatrice de l’écriture maghrébine contemporaine.

Egalement auteur de pièces de théâtre, il se lance aussi dans le journalisme au quotidien Alger républicain entre 1949 et 1951, lors duquel il dénonce l’ « escroquerie » au lieu saint de la Mecque. Mais quand la Guerre d’Algérie éclate, les poursuites incessantes de la Direction de la surveillance du territoire (DST) le forcent à mener une vie d’exil, voyageant des pays de l’Europe de l’Ouest à l’Union soviétique et l’Egypte… pour finalement rentrer en 1962 dans son pays natal désormais indépendant. Son œuvre s’élargit alors, avec Le Polygone étoilé (1966), l’Homme aux sandales de caoutchouc (1970), une pièce qui rend hommage à la lutte du Viêt-Cong.

Mais il va rapidement attirer les foudres du public et du gouvernement algérien pour plusieurs de ses positions, notamment pour la parité homme-femme et contre le retour du port du voile, ainsi que pour son affirmation de sa souche berbère et de la langue tamazirt dans ses pièces. Kateb va en effet lutter pendant toute sa vie pour la cause berbère. Mais il meurt le 28 octobre 1989 sans pouvoir achever une œuvre sur les émeutes en Algérie de l’année précédente. Au sujet de la langue française, il l’aurait considéré comme le « butin de guerre » des Algériens après l’indépendance. « J'écris en français pour dire aux français que je ne suis pas français » dira-t-il.

SA POSITION

Contemporain d’Albert Camus, Kateb Yacine à une notoriété vient surtout de son engagement dans le mouvement indépendantiste avant et pendant la Guerre d’Algérie.

Il est en classe de troisième lorsqu’il participe aux manifestations du 8 mai 1945 à Sétif, qui tourne ensuite au massacre de milliers d’algériens par les autorités locales françaises. C’est avec ce traumatisme qu’il va être épris de la cause nationale, mais les conséquences sont déjà dures pour le jeune Kateb : il est expulsé de son lycée et il voit sa mère « devenir folle ».

Sa politisation commence avec des conférences qu’il donne sous l’égide du Parti du peuple algérien (PCA) dés 1946, le mouvement politique nationaliste majeur. L’année suivante il prononce à la Salle des Sociétés savantes à Paris une conférence sur l’émir Abdelkader, un chef de tribu qui a résisté pendant des années à la colonisation française de 1830, ainsi devenu une grande figure du patriotisme algérien. C’est également lors de son séjour en France qu’il adhère au Parti communiste algérien (PCA), un autre parti anticolonialiste soutenu par son équivalent français (PCF). Il devient journaliste à Alger républicain comme Camus, quotidien dont les points-de vue s’opposaient souvent à ceux de l’autorité coloniale, ce qui a amené à sa censure et son interdiction pendant la guerre. En tant qu’écrivain, il s’engage à trouver et exprimer une identité nationale pour une nation qui demande de plus en plus l’indépendance politique ; et c’est le but de son premier roman, Nedjma, ou les personnages sont une allégorie de l’identité nationale en construction. Les réactions à la sortie du roman en 1956 varient pourtant, et l’auteur s’est souvenu de celui d’un lecteur en particulier : « C’est trop compliqué, ça. En Algérie vous avez de si jolis moutons, pourquoi vous ne parlez pas de moutons ? ».

Pendant la guerre qui ravage son pays, Yacine doit errer. Poursuivi et harcelé par les agents de la Direction de la surveillance du territoire (DST), il voyage de la France à l’Union soviétique, quelques fois par invitation des milieux intellectuels. Il rentrera dans sa patrie, désormais indépendante, peu après les fêtes de libération nationale, pour reprendre sa position à Alger Républicain.

Sa volonté de s’engager continue après la guerre : en 1967 il part au Viêtnam et écrit L’Homme aux sandales de caoutchouc, une pièce saluant la lutte du Viêt-Cong dont le leader, Ho Chi Minh, était à la tête de l’armée qui avait été victorieuse dans la guerre d’Indochine. De retour dans son pays en 1970, Yacine soutient la sécularisation de son pays et la préservation de la culture et langue berbères, ce qui lui vaut beaucoup de critiques, surtout de la part du gouvernement.

Kateb Yacine n'a jamais hésité à défendre ce qu'il considérait comme juste et que ce soit contre les injustices de la colonisation ou les injustices de la société post-coloniale, il s'est engagé du mieux qu'il ait pu avec son oeuvre. Il serait difficile de ne pas le considérer comme le fondateur de la littérature algérienne moderne.

Illustration de Kateb Yacine
Extrait de "Poètes"
par Mustapha Boutadjine http://www.mustaphaboutadjine.com/CMS/

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